Elle incarne le chic parisien par excellence. Élégante et naturelle, Sarah Poniatowski, la célèbre designeuse, fondatrice de Maison Sarah Lavoine fait partie de ces personnalités solaires doublées d’une volonté de fer. Elle répond sans détour et toujours avec sincérité à nos questions. Retour sur l’ascension fulgurante d’une créatrice et cheffe d’entreprise qui s’est fait un prénom.
Il faut trouver sa propre voie, on est toujours la fille de ou la femme de…
- Racontez-nous votre parcours, ce qui vous a amené vers la décoration et l’architecture d’intérieur.
À l’origine, je voulais être comédienne ! À priori, je n’étais pas destinée à la décoration d’intérieur. Après un passage aux Etats-Unis, j’ai un peu tâtonné : j’ai fait du théâtre, de la psychologie, de la communication…
Avec le recul, aujourd’hui, je sais que rien n’est inutile et ce que j’ai fait m’a servi par la suite.
À 24 ans, j’ai travaillé avec ma mère qui était décoratrice. Je suis restée avec elle pendant deux ans. Puis, j’ai rejoint François Schmidt, architecte d’intérieur.
Ensuite, assez vite, dans les années 2000, j’ai eu envie de monter ma propre entreprise. J’ai donc créé mon agence d’architecture d’intérieur destinée aux particuliers, à l’hôtellerie, restaurants et bureaux.
Puis, j’ai ouvert mon premier showroom rue Saint-Roch à Paris en 2011, la boutique de la rue du Bac en 2013. Ensuite tout a grandi rapidement. En 2012, j’ai déposé ma marque Maison Sarah Lavoine qui décline tout un univers lifestyle : mobilier, décoration, luminaire, art de la table, prêt à porter, cosmétique…
Nous nous appuyons sur un style intemporel authentique allié à un savoir-faire artisanal.
Pour moi, la vie est faite de rencontres qui jalonnent notre parcours.
Edouard Renevier, en fait partie. En 2013, il a rejoint Maison Sarah Lavoine pour en devenir directeur général tandis que j’en suis la présidente et la directrice artistique.
Aujourd’hui, nous avons une quinzaine de boutiques, 120 personnes et 150 projets. Notre croissance a récemment augmenté de 30 %, et nous avons un objectif de développement à l’international.
- Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je suis de nature curieuse, je m’émerveille chaque jour de tout ce qui m’entoure. Le Louvre, le musée d’Orsay, les Tuileries, les toits de Paris, les couleurs, les voyages… Mon inspiration est permanente et spontanée même si je dois sortir un certain nombre de collections chaque année. Rien n’est programmé. Nous nous renouvelons en permanence dans le respect des codes d’une marque bien identifiée.
- Quels sont vos engagements ?
Je m’engage surtout sur les sujets qui touchent aux femmes et à l’enfant.
Le Centre fiers et forts au Maroc qui accueille les enfants défavorisés près de Marrakech, la Maison des femmes pour les victimes de violences. Je m’investis également au niveau éthique et durable avec No More Plastic pour préserver les océans. Et à titre personnel, j’interviens pour l’association Toutes à l’école destinée à l’éducation des petites filles au Cambodge.
- Quel est l’obstacle positif qui vous a permis de passer une étape importante de votre vie professionnelle ?
Ce qui est compliqué c’est de se dire qu’on s’est trompé sur le client et que le projet ne pourra pas se faire, lorsqu’humainement on réalise que ça ne passe pas. J’ai appris avec le temps à savoir dire non, refuser un chantier. Ça a été une vraie étape personnelle. Je n’aime pas travailler dans la douleur et un chantier peut être compliqué. On dit que le déménagement est la deuxième cause d’angoisse dans la vie. Donc, si on sent que ça ne va pas matcher, il ne faut pas le faire.
- Quelle est la réalisation dont vous êtes la plus fière ?
Chaque projet me passionne. En 2018, j’ai aménagé le siège social de l’Oréal à Levallois-Perret. C’était gigantesque ! 45 000 m2 sur 8 étages dans lesquels travaillaient 2500 collaborateurs. C’est un lieu que j’ai voulu rendre élégant tout en restant décontracté pour se sentir au bureau comme « à la maison » et je crois que c’est plutôt réussi !
- Comment gérez-vous avec autant de facilité votre visibilité ?
Pour moi, il faut garder sa spontanéité. Je suis de nature positive. J’adore rire et prendre plaisir à faire les choses, m’appuyer sur mon enthousiasme et l’humour. En le prenant de cette manière, ça donne de l’air. Bien sûr, une couverture du Elle, c’est très travaillé. Mais en ce qui me concerne, d’un point de vue personnel, je ne suis pas trop comme ça.
Pour moi, ce qui a été récemment compliqué, c’est de réimposer à la presse mon nom de famille Poniatowski et qu’on fasse bien la différence avec ma marque Maison Sarah Lavoine.
Sinon, je me sens à l’aise, j’ai fait du théâtre aussi, ça aide.
Parfois, je voudrais être plus éloquente. Je dois simplement faire attention à ne pas abîmer la marque.
- Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner à ces femmes dirigeantes de l’ombre ?
Oser se lancer, ne pas avoir peur. Je pense qu’on est bien plus fortes que les hommes ! Il suffit de voir cette capacité que nous avons à tout gérer : le bureau, les enfants, le management…
Il faut trouver sa propre voie, on est toujours la fille de ou la femme de… Mais je suis fière de mes origines. C’est d’ailleurs peut-être pour ne pas être la femme de… qu’aujourd’hui j’existe et que j’ai pu développer ma marque y compris à un niveau international.
- Quel est le rêve que vous n’avez pas encore réalisé ?
Je voudrais avoir ma chaîne d’hôtels, un ressort au bord de l’eau, à la montagne… Ma fondation pour les enfants. Mais ce ne sont pas des rêves, ils vont se réaliser !