
Virginie Guilhaume n’appartient à aucune case et laisse toujours son intuition guider ses choix. Libre, passionnée et engagée, elle passe aussi bien du registre d’animatrice TV qu’à celui de comédienne, en passant par la radio.
Virginie Guilhaume répond à nos questions sans détours et explique ses choix professionnels.
Les femmes n’ont pas encore pu être à l’écoute de leurs désirs et j’aimerais bien que ça n’arrive pas après-demain.
Vous avez forcément déjà vu ou entendu Virginie Guilhaume : Les victoires de la musique, La nouvelle star, Qui sera le prochain grand pâtissier ? Rendez-vous en terre inconnue, Camping Paradis… Elle passe, avec brio, du rôle d’animatrice TV à celui de comédienne. Sur les planches, on la retrouve aussi bien dans une pièce de Feydeau, L’Hôtel du libre-échange qu’entourée de Philippe Lellouche, Christian Vadim et David Brécourt dans Le temps qui reste. Plus récemment, elle nous étonne encore sur RTL avec Éric Jean-Jean.
- Racontez-moi votre parcours et la manière dont vous vous projetiez.
J’ai été diplômée de l’École Supérieure de Journalisme (ESJ) après avoir fait une prépa IEP. À l’origine, je voulais barouder, sauver des vies… J’avais envie de rapporter ce qui se passait ailleurs dans le monde. C’est, sans doute, une des raisons pour lesquelles je me suis investie très tôt dans les deux associations Caméléonqui protège et réhabilite des jeunes filles des Philippines, victimes d’abus sexuels et de maltraitance, et Sourire à la vie destinée aux enfants atteints d’un cancer.
Concernant mes choix professionnels, j’ai suivi mes instincts et saisi les opportunités qui s’offraient à moi.
J’ai démarré à l’antenne un peu par hasard. J’ai vraiment aimé être animatrice sur France 2 et M6. J’ai participé à des émissions formidables de divertissement aussi différentes les unes que les autres « Qui sera le prochain grand pâtissier ? », « RDV en Terre inconnue », « Les Victoires de la musique ». J’ai eu la chance de travailler avec des gens aussi formidables et généreux que Nagui ou Frédéric Lopez pour ne citer que ceux-là bien sûr…
J’aime pouvoir toucher aux différents métiers du journalisme et de la comédie. Je n’ai jamais eu de rôle de potiche. Dans Camping Paradis, on m’a tout de suite intégrée en tant que professionnelle. Et plus récemment au théâtre, le trio de Philippe Lellouche, Christian Vadim et David Brécourt, m’a vraiment accordé une grande place.
Côté radio, ça a été une découverte folle. J’ai d’abord beaucoup écouté autour de moi, notamment Régis Ravanas et Éric Jean-Jean. Je ne pensais pas ressentir, à ce point, une telle liberté. Il y a du fond tout le temps et une vraie liberté de ton. On a toujours quelque chose à raconter et à dire. Je me suis sentie emportée et portée, j’avais le même engouement que pour un spectacle. J’aime le populaire, c’est ce qui me plaît, le contact avec les artisans et les artistes.
- Quels sont les rôles que vous rêvez de jouer ?
J’aimerais jouer dans n’importe quelle pièce d’Alexis Michalik, en particulier Le porteur d’Histoire. J’adore la poésie et la littérature.
- Quelle serait votre vie idéale ?
Je serai incapable de rentrer dans une vie monocorde, monotone. J’ai besoin de rencontres, de fond. J’aime vivre des expériences. Il m’arrive d’avoir des moments où je me demande pourquoi c’est moi qui suis dans une situation aussi incroyable. Je sers simplement de lien pour mettre en valeur ces immenses artistes comme j’ai eu l’immense honneur de rencontrer Charles Aznavour, Benjamin Bioley, Vincent Delerm… Je ne perdrai jamais de vue à quel point que j’ai de la chance.
- Comment faites-vous pour garder une équilibre entre vie privée et vie professionnelle ?
Ce n’est pas toujours simple. J’essaie d’être la plus vraie possible, la parole libère beaucoup et permet la compréhension chez les petits. Je suis là en soirée et les week-ends, c’est un arrangement, plutôt qu’un autre. À mon avis, il ne faut pas réfléchir à faire du 50 / 50 dans son couple, il suffit d’être respectueux l’un envers l’autre.
C’est la même chose au niveau professionnel, on ne va pas choisir telle personne parce qu’elle est une femme, c’est désobligeant. On prend les gens pour leur talent. La nouvelle présentatrice de Télé matin, Julia Vignali, accompagnée de Thomas Sotto, est incroyable. Par ailleurs quelqu’un comme Nagui est ultra brillant. Chaque talent doit pouvoir émerger. Il faut faire bouger les lignes pour ça, faire évoluer la situation des femmes et la cause des minorités. C’est un vrai sujet de préoccupation qui parfois me terrifie.
- Quel est l’échec qui vous a fait grandir ?
J’ai vécu beaucoup de moments difficiles.
Mon père (Philippe Guilhaume) est mort quand j’avais 15 ans, ce qui m’a empêché de faire ma crise d’ado. Il avait déjà quitté la présidence de France TV et j’ai vu à quel point les médias pouvaient être assassins. Je ne suis pas arrivée là par hasard. J’ai l’impression d’avoir besoin de réparer quelque chose. Cette étape a été déterminante dans ma vie et m’a fait grandir très vite. Je voulais protéger ma mère face au drame de sa vie, même si elle était très forte. Il fallait gérer. Il faut réfléchir avant de faire ce métier et être très honnête avec soi- même. Mais le monde en général est dur.
- Votre plus grande fierté ?
Mes enfants évidemment !
Ensuite, le fait de suivre les mêmes associations depuis longtemps et de pouvoir m’y investir pour donner une vie un peu meilleure à certains. Je suis restée la même depuis des années, j’ai les mêmes amis, le même entourage et j’en suis fière.
- Avez-vous senti une différence de traitement en tant que femme dans le monde du travail ?
On m’a souvent proposé des rôles que les hommes ne voulaient pas, ce qui a toujours tourné à mon avantage ! Heureusement, dans l’ombre, il y a des femmes qui ont su faire bouger les lignes et changer une certaine vision primaire ancestrale du monde de la télé. Je pense notamment à Stéphanie Bremond (directrice adjointe des antennes et des programmes chez France Télévisions), Nathalie André (Directrice des Jeux et Divertissements France 2 chez France Télévisions).
- Vous gérez magnifiquement votre image & visibilité, est-ce que cela a toujours été une évidence ?
Je n’ai pas de problème avec mon image. Si les gens m’arrêtent dans la rue, j’ai un rapport très spontané avec eux, je suis complètement altruiste et hyper naturelle. J’étais déjà comme ça à 18 ans et la télé ne m’a pas changée.
Pour les réseaux sociaux, je ne suis pas hyper douée ! Je communique comme ça, sans plus. Face à un commentaire aigri, je me demande comment c’est possible. Je trouve ça étonnant ! Contrairement à moi, certains artistes sont vraiment malmenés et certaines personnes déversent sur eux une haine incompréhensible. Peut-être que les gens pensent qu’ils vivent dans un monde parallèle qui ne permet pas de les atteindre. Or c’est l’inverse, ils sont hyper touchés.
- Seulement 5 % des femmes dirigeantes sont présentes dans les médias. Quelle est votre réaction et avez-vous un conseil à leur donner pour augmenter leur visibilité ?
Ce chiffre est incroyable ! Ma recommandation, si j’en avais une à leur donner : Surtout, ne pas avoir honte de soi, assumer ses désirs, et rester naturelle.
- Quels sont vos rêves & ambitions ?
Les vrais rêves sont impossibles !
Je rêverais de pouvoir échanger avec tous ceux qui sont partis, comme des grandes personnalités telles que Jean d’Ormesson, Simone Veil, même certains bourreaux pour comprendre ce qu’ils ont fait.
Côté ambition, je voudrais amener davantage ma personnalité dans ce que je suis. J’aimerais réitérer dans mon rôle de comédienne pour jouer face à un réalisateur et sortir de moi ce que je n’ai pas encore vu de moi pour obtenir une nouvelle incarnation.
- Vous n’appartenez à aucune case, comment gérez-vous ça ?
J’aime énormément de choses en France : l’artisanat, les petits producteurs locaux, le côté culinaire. Mais, je regrette cette façon de mettre les gens dans les cases. Pourquoi un homme qui travaille dans la finance ne peut pas être bricoleur ? Pourquoi une caissière ne pourrait-elle pas être danseuse ? Pourquoi faut-il absolument consolider une carrière ? Tout le monde a une passion mais il faut la force, le courage et le temps de l’accomplir. C’est un sujet qui n’est pas facile.
Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il me reste tout à faire. Je suis juste poussée par l’envie et la volonté de rester connectée à soi-même.
- Le mot de la fin ?
Les femmes n’ont pas encore pu être à l’écoute de leurs désirs et j’aimerais bien que ça n’arrive pas après-demain.